Lecture du mois

La Voie Cathare : Au source du Christianisme

Ce mois-ci, nous vous proposons un extrait du livre La Voie Cathare : Au source du Christianisme, écrit par Bertran de la Farge, publié par la Diffusion rosicrucienne.

Ce livre, véritable réflexion sur le Christianisme cathare, est une tentative d’explication et d’interprétation du contenu des textes qui nous sont parvenus jusqu’à ce jour et qui sont, soit directement d’origine cathare, soit produits par leurs adversaires. Délaissant volontairement l’aspect historique du Catharisme - largement développé par d’autres auteurs -, il privilégie l’analyse de la religion, de l’éthique, de l’ontologie et de la mystique cathares, il nous invite donc à redécouvrir l’esprit du Catharisme et à méditer sur une spiritualité toujours vivante et lumineuse.

La Voie de l’Amour

La Voie de Justice et de la Vérité
(Leys d’Amor)

Chaque instant d’Amour est une parcelle d’éternité,
tout le reste est sable entre nos doigts… (Sadhana)

La meilleure façon de comprendre ce qu’est la réalité de l’état de « l’Homme au sein de l’Univers » - l’Humanité - c’est de se replonger dans la lecture de l’Évangile et d’y redécouvrir que le Christ nous a facilité la tâche en nous disant que toute la Loi, toute la Bonne Nouvelle (Evanggelion) se résume en un mots, un seul : Amour !

L’Amour

Si un homme aime Dieu, celui-là est connu de Dieu. (I Corinthiens 8, 3). Je fléchis les genoux devant le Père, afin qu’il vous donne, à la mesure de Son glorieux trésor, d’être puissamment affermis par Son Esprit, en vue de la croissance de l’Homme intérieur. Que le Christ habite en vos Cœurs par la foi, que vous soyez enracinés dans l’Amour et fondé sur lui. Ainsi avec tous les Saints, vous serez capables de comprendre ce qu’est la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur. Vous connaîtrez enfin l’Amour du Christ qui défie toute Connaissance, et vous sera emplis de toute la plénitude de Dieu… (Ephésiens 3, 14 - 19)

L’Amour occupe la place principale dans ce festin. La meilleure interprétation de ce passage des Epîtres nous est donnée par l’Ami de Dieu Johann Tauler :

On doit élever l’âme (le cœur-psyché) et « le vouloir foncier » (l’âme personnalité) jusqu’aux hauteurs de la glorieuse divinité qu’il faut considérer avec une grande et humble crainte et en se reniant soi-même. Celui qui dépose ainsi devant Dieu sa ténébreuse et misérable ignorance comprend alors ce que dit Job : « L’Esprit passait devant moi ». De ce passage de l’Esprit naît un grand tumulte de l’âme. Plus ce passage a été clair, vrai, sans mélange d’impressions naturelles, plus rapide, plus forte, plus prompte aussi, plus vrai et plus pure est l’œuvre qui se fait en l’âme, la poussée qui la bouleverse, et plus claire est encore la connaissance que l’Homme acquiert de son arrêt sur le Chemin de la Perfection. Le Seigneur VIENT ALORS EN UN RAPIDE ÉCLAIR ; il illumine le fond et veut y être lui-même le maître d’œuvre. Dès qu’on prend conscience de la présence du Maître, on doit, en toute passivité, lui abandonner le travail ; toutes les facultés doivent alors se taire et lui préparer un grand silence, car toute activité et même les bonnes pensées de l’Homme ne pourraient alors être qu’un obstacle. L’Homme, au contraire, ne doit rien faire qu’être passif sous l’action de Dieu.

Aux sources du Christianisme

« Cependant, dès que l’Homme est ensuite livré de nouveau à lui-même et qu’il n’a plus conscience de l’œuvre de Dieu d’une façon sentie et reconnaissable, il doit reprendre, avec une sainte application son opération propre et ses saintes pratiques. C’est ainsi que l’Homme doit tantôt travailler et tantôt se reposer, chacun de la façon qu’il sent devoir l’attirer le plus puissamment vers Dieu, soit dans l’activité, soit dans le repos. Le résultat qu’on ne peut obtenir par la pure passivité, on l’obtient par la mise en œuvre des saintes pratiques, de telle sorte qu’on « devienne enraciné et fondé dans le saint Amour, afin que vous puisiez comprendre avec tous les saints quelle est la hauteur, la longueur, la profondeur, et la largeur ! ».

LA HAUTEUR DE LA TRANSCENDANCE . « Comprendre cela est chose impossible, mais on doit s’y attacher avec amour et dans une intention pure. Le vouloir foncier (l’âme personnalité) doit alors prendre son essor vers la hauteur de la Transcendance, s’élever au dessus du monde inférieur de la sensibilité, en observant bien que Dieu, qui pourtant peut tout, ne pourrait cependant pas faire une créature si noble, qu’elle pût, d’une façon quelconque, atteindre et connaître, avec son intelligence naturelle, la sublime essence de l’être divin. »

LA PROFONDEUR DE L’ABÎME DIVIN. « Car la profondeur de l’abîme divin est impénétrable à toute raison. Mais on pénétrera dans cette abîme, grâce à l’humilité très profonde ; c’est pourquoi Notre Dame, (l’Église), sans rien dire du grand bien que Dieu avait répandu en elle, n’a parlé que de son insondable humilité, comme du motif pour lequel les générations le proclameraient bien-heureuse « car le Seigneur a daigné considérer uniquement cette humilité. »

La LARGEUR DE DIEU. « Quant à la largeur de Dieu, l’Homme doit la reconnaître dans l’Amour Universel qui consiste en ce que Dieu se donne en tous lieux, en tous pays, de toutes manières, et en toute bonne œuvre. Il n’est rien de si juste et de si universel que Dieu, rien non plus qui ne soit si près de notre fond le plus intime. Qui le cherchera là, l’y trouvera. Nous le trouvons aussi tous les jours dans tous les Amis de Dieu, en toute créature. On doit poursuivre cette largeur avec un vouloir foncier appliqué, intériorisé, libre, affranchi du souci de tout autre chose, et se donner de toutes ses forces au sentiment intérieur de la présence de Dieu. C’est alors que sont données à l’Homme une liberté d’esprit et une grâce transcendante qui élèvent l’âme personnalité (le vouloir foncier) au-dessus de toute image et de toute forme et la font planer sur toutes les choses créées. C’est à ce sujet que saint Grégoire dit : « Si nous voulons arriver à une certaines connaissance de l’invisible, il nous faut nous élever au-dessus du visible. »

LA LONGUEUR DE L’ÉTERNITE. « La longueur, enfin, c’est l’éternité qui ne connaît ni passé, ni futur, mais seulement un calme et immobile présent, dans lequel toutes choses sont présentes à la vision constante et immobile où Dieu se voit et toutes choses en lui. Cette longueur, l’Homme doit la poursuivre avec un vouloir foncier invariablement plongé en Dieu, et se consoler de l’Amour, de la souffrance, de tout ce qu’il y a de créé, de telle façon que cette Consolation en Dieu lui suffise et qu’il reste en paix, abandonnant tout à Dieu. »

L’ACCOMPLISSEMENT DE LA NOBLE PAROLE. « C’est ainsi que s’accomplira la noble parole. Venez, c’est-à-dire élevez-vous au-dessus de toutes choses. Elle s’accomplira avec la naissance de Dieu en nous. C’est pourquoi tous les Hommes doivent rendre grand honneur à (l’Église de Dieu); si haut qu’ils puissent s’élever, ils doivent se réserver un temps suffisant pour honorer et la servir. Puissions-nous tous maintenant la suivre, en sorte que nous soyons remplis de celui qu’elle (adombra) ! Qu’à cela Dieu nous aide ! »

La Voie de l’Amour

Les idées précédentes, tant celles de saint Paul que celles d’Origène ou de Tauler, sont très précisément celles du Manuscrit cathare de Dublin qui commente ainsi la phrase de Pater : donnez-nous notre pain supersubstantiel. À l’occasion de la description du Rituel de la transmission de la sainte Oraison, nous reviendrons plus longuement sur cette expression qui revêt la même signification mystique chez Origène et chez les Cathares, pour qui elle a une importance capitale. (Com.cant II,8,38-41). Relevons la référence au « repos en Dieu » dans lequel entra David présenté dans ce passage du Rituel comme les prémisses du Christ :

« Ainsi le Dieu de toute grâce a envoyé son Fils aimé et le don de son Amour à ce David, pour parfaire, conforter et confirmer son peuple. C’est pour cela que ce peuple demande à son Père que son pain supersubstantiel, c’est-à-dire l’Amour, lui soit donné par lui aujourd’hui, c’est-à-dire en celui-ci, c’est-à -dire en Christ, (que l’on appelle aussi notre jour). Et l’Apôtre, parlant de ce jour, c’est-à-dire du Christ, dit aux Romains (13,12) : « La nuit s’avance, mais le jour (le Christ) s’approche ». Et à nouveau, parlant aux Hébreux (4, 6-7), il montre que le Saint-Esprit envoya ce jour (la conscience Christique) en David. Pour cette raison, ce peuple prie son Père qu’en lui leur soit donné le pain supersubstantiel, c’est à dire l’Amour, de manière qu’il ne soit plus retardé à un autre jour, mais qu’il leur soit donné du Père ; car il est le lien de perfection ; plus, même, il est lui-même Perfection »

La réintégration en Dieu par la pratique de l’Amour. Pour les Cathares comme Origène ou Tauler, l’état de Conscience le plus haut que l’Homme puisse exprimer - le Repos en Dieu, cette Paix profonde qui est liée à l’illumination - c’est l’Amour qui existe à l’état latent en tout Homme : « le Créateur de toutes choses, lorsqu’il nous créa, inséra dans nos cœur des semences d’Amour » dit Origène, ce qui est identique à la thèse soufie qu’il a sans doute inspirée : c’est dans le cœur psychique qu’est semée la graine de la rose qui fleurira dans le Cœur spirituel, ou encore comme le dit saint Paul : l’Amour de Dieu a été répandu dans nos cœur par l’Esprit ferme qui nous a été donné (Romains 5,5). Cette idée maîtresse rejoint celle qu’Origène exprima, au sujet de la Conscience christique présente partout dans l’univers, pour expliquer la phrase de Jean : au milieu de vous se trouve quelqu’un que vous ne connaissez pas. Mais l’Homme n’est pas seul pour faire grandir en lui et dans le monde cette « semence d’Amour ». Ce monde est un champ qui ne représente pas seulement la terre, mais aussi les cœurs des Hommes, les anges de Dieu l’ont reçu à cultiver. Or, le champ des anges ce sont nos coeurs (Hom, Cant. II, 9 & Hom . Nombr. XI, 3-5) ». Enfin, le mot Amour traduit bien le grec Agapê qui désigne l’Amour spirituel et saint Paul tente de nous faire entrevoir ce qu’est réellement cet Amour, dans son très fameux appel à l’Amour :

« Je vais vous indiquer la voie excellente entre toutes. Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas l’Amour, je ne suis qu’un gong qui résonne, qu’une cymbale qui retentit. Quand j’aurais le don de prophétie, et quand je connaîtrais tous les mystères et toute la science, quand j’aurais une foi totale, à transporter les montagnes, si je n’ai pas l’Amour, je ne suis rien. Quand je distribuerais tous mes biens pour l’entretien des pauvres, quand je livrerais mon corps au feu, si je n’ai pas l’Amour, cela ne m’avance à rien. L’Amour est patient, l’Amour est accueillant. L’Amour n’est pas envieux, il n’est pas infatué ni hautain. Il ne fait rien de malséant. Il ne cherche pas son intérêt. Il ne s’irrite pas, il ne pense pas à mal. Il ne se réjouit pas de l’injustice, mais il trouve sa joie dans la vérité. Il excuse tout, il croit, il espère tout, il endure tout. »

 

- Fin de l'extrait -
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Citation du jour

« Si nos bonnes actions ne nous rendaient jamais heureux, nous manquerions de motivation pour les accomplir et n’aurions aucune aspiration à faire le bien. Ce n’est donc pas être orgueilleux que d’être content de soi lorsqu’on a réussi une tâche difficile, mené à bien un projet constructif, rendu service à autrui, etc. Ce qui l’est, c’est le fait de s’en vanter et d’insister sur notre mérite. »

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